Interview d’un pédiatre en zone rurale

Il est bien connu que le manque de médecins dans les régions reculées est à déplorer. Encore pire, y trouver des médecins spécialisés est de plus en plus impossible. Trouver un pédiatre en zone rurale est un véritable challenge. Toutefois, la population rurale ne cesse d’augmenter et la natalité aussi par la même occasion s’accroit d’année en année. Pour en savoir plus sur le sort de ces spécialités qui tendent à déserter les campagnes, voici l’interview d’un pédiatre en zone rurale.

– Pourquoi êtes-vous resté à la campagne alors que plusieurs de vos confrères aspirent à exercer dans une grande ville ?

Il y a vingt ans, quand je suis arrivé dans cette petite ville de campagne, nous étions 3 pédiatres. Aujourd’hui, il n’y a plus que moi, mes confrères ont choisi de s’installer dans la grande ville certainement pour des raisons financières. Pour ma part, je suis resté parce que je me suis attaché aux gens de ce village et surtout parce que j’aime mon travail. Mais l’air pur et le train-train paisible de la vie de campagne me convient parfaitement.

– Quelles sont les maladies qui touchent fréquemment les enfants en zone rurale ?

Les enfants qui habitent dans les régions rurales sont concernés par toutes les maladies infantiles qui touchent les enfants qui vivent en milieu urbain. Les maladies les plus fréquentes sont infectieuses comme la rhinopharyngite, l’angine, l’otite, la bronchiolite ou encore la gastroentérite… Mais les infections telles que la scarlatine ne sont pas non plus rares en milieu rural malgré que cette pathologie ne soit plus très fréquente aujourd’hui. La maladie se soigne parfaitement bien grâce à la prise d’antibiotiques adaptés. Comme il n’existe pas de vaccin contre la scarlatine, la seule mesure de prévention repose sur l’hygiène individuelle et collective, ce qui n’est pas toujours évident pour la population rurale. En effet, dans certains villages, l’accès à l’eau n’est pas toujours facile et les ruraux sont plus enclins à adopter des conduites à risque pour leur santé.

– Quels sont les difficultés que vous rencontrez le plus dans l’exercice de votre métier de pédiatre en zone rurale ?

Exercer en zone rurale pour un pédiatre n’est pas toujours très tentant. En effet, les jeunes médecins dans la spécialisation est la pédiatrie préfèrent plutôt s’installer en ville plutôt qu’à la campagne. Pourtant, face à la désertification médicale dans les zones rurales, le gouvernement a décidé de proposer des avantages pour motiver les futurs pédiatres et les pédiatres déjà installés à rejoindre la campagne. Malheureusement, la stratégie demeure peu efficace, les médecins et les pédiatres qui partent à la retraire des médecins ne trouvent pas de remplaçants.

Mais encore, comme en zone rurale il n’y a pas d’hôpital, les pédiatres sont souvent amenés à assurer des consultations de médecins généralistes, car les patients arrivent de 15 ou 20 kilomètres à la ronde pour se faire soigner. En l’absence de médecin généraliste, le pédiatre est obligé de faire des consultations.

Par ailleurs, le travail d’un pédiatre en zone rurale n’est pas de tout repos et l’équipement médical est très précaire. J’ai cru comprendre sur le site des pédiatres du monde, que cette ONG propose une assistance technique au développement et à l’amélioration des compétences professionnelles. J’attends de voir si notre région pourra bénéficier d’une aide venant de cette association des pédiatres du monde.

Enfin, un pédiatre de campagne soigne les enfants des familles sur plusieurs générations. Le travail est épuisant car la patientèle n’est pas loin de 1.000 patients avec des journées de 10 heures de travail pour une rémunération largement inférieure à celle d’un pédiatre de ville.