Interview d’un investisseur en bourse

Il est souvent admis que la bourse est un placement risqué et réservé à quelques passionnés, mais certains déforment la réalité en assimilant la bourse a un jeu semblable au casino. L’expression “jouer en bourse” tend à s’ancrer dans les mentalités et donne une mauvaise image de ce qu’est réellement l’investissement en actions.

En effet, l’investissement en bourse n’est pas réservé aux professionnels. Aussi, si le risque de perte en capital existe, les marchés actions demeurent un bon moyen de diversifier ses placements et d’investir pour ses vieux jours. C’est ce que va nous expliquer l’investisseur individuel que nous avons l’honneur d’interviewer aujourd’hui.

Pouvez-vous nous dire en quoi consiste la bourse de façon très générale ?

La bourse est une place de marché sur laquelle les investisseurs échangent des titres d’entreprises cotées. Pour chaque société cotée, les ordres d’achat et de vente sont listés en direct dans un carnet d’ordres. Quand les investisseurs s’entendent sur un prix d’échange, la transaction peut avoir lieu entre les 2 parties. De nos jours, toutes les transactions sont centralisées informatiquement. On peut donc acheter une action détenue par un investisseur à l’autre bout du monde en une fraction de seconde.

En pratique, un actionnaire d’une société X clique sur vendre, un autre clique sur acheter, et le tour est joué. Les entreprises sont cotées sur différentes places de marchés, parmi lesquelles on peut citer le NYSE (New-York Stock Exchange), Euronext, le NASDAQ (les valeurs technologiques américaines), la bourse de Tokyo, etc.

Depuis combien de temps investissez-vous en bourse ?

Cela commence à faire un bon bout de temps ! J’ai commencé à investir en bourse en 2008, juste après la chute des marchés. Mais je m’intéresse à l’économie et à la bourse depuis bien plus longtemps. Avant de passer mes premiers ordres sur le marché, j’avais lu beaucoup de livres sur l’investissement et je suivais régulièrement les actualités économiques.

J’ai investi en 2008 et 2009 en profitant des fortes décotes sur les actions. L’opportunité était trop belle pour ne pas y céder. L’histoire se répète, les cycles économiques s’enchaînent, j’avais la conviction que les marchés allaient remonter dans les années à venir. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé. Quelques années plus tard, la crise de l’Union européenne m’a aussi donné l’occasion d’acheter des actions à des valorisations attractives. Dernièrement, il y a un un krach pendant le COVID, et finalement quelques mois plus tard les indices ont bien grimpé et le Nasdaq a déjà dépassé ses plus hauts !

Les actions constituent-elles un placement risqué ?

Oui, clairement. Le risque de perte en capital est réel, tout comme en immobilier. Pour autant, les actions sont une classe d’actif très intéressante et incontournable car elles offrent des bonnes performances à long terme. Hormis l’immobilier et quelques autres placements plus confidentiels, il n’existe pas de placements aussi intéressants pour valoriser son patrimoine. Aussi, c’est un support très intéressant pour s’exposer à la bonne croissance de l’économie mondiale, et ainsi ne pas dépendre que de l’économie du pays où l’on réside.

Quelle performance peut-on espérer avec ce type de placement ?

Historiquement, les actions sont une des classes d’actifs délivrant les meilleures performances à long terme. Selon la période considérée, les actions délivrent une performance moyenne annuelle lissée de 6 à 10 %. Cela dépend du type d’actions (small cap, blue chips, start-up, etc.) Les personnes ayant investi massivement juste après un krach boursier ont systématiquement obtenu les plus gros retours sur investissement. Cela étant, il est plutôt conseillé d’investir progressivement en bourse.

Peut-on investir en bourse sans connaissances préalables ?

Il est tout à fait possible de déléguer la gestion de son portefeuille d’actions, c’est même conseillé pour l’essentiel des épargnants. En pratique, c’est d’ailleurs ce que font la plupart des investisseurs. Ils n’achètent pas des actions en direct mais passent par des fonds d’investissement. Il existe des milliers de fonds d’investissement dans le monde. Chacun a sa propre stratégie. Certains gestionnaires commercialisent plusieurs fonds répondant à des objectifs différents en termes d’allocation et/ou de prise de risque.

Certains épargnants vont encore plus loin déléguant la gestion globale de tout ou partie de leur patrimoine. On parle alors de gestion pilotée : l’investisseur donne mandat au gestionnaire pour allouer le capital en adéquation avec son profil. Cette solution est intéressante pour les épargnants ne sachant pas quelle part de leur patrimoine allouer en actions et ajuster cette allocation dans le temps. C’est le conseiller qui détermine l’allocation cible et équilibre le portefeuille au quotidien.

D’un point de vue pratique, comme faites-vous pour acheter des actions ?

Pour passer des ordres d’achat et de vente d’actions en direct, il faut avoir un un plan d’épargne en actions (PEA) ou un compte-titres ordinaire (CTO). Réservé aux investisseurs résidant en France, le PEA est fiscalement plus intéressant que le CTO.

Il est possible d’ouvrir un PEA (ou un CTO) chez un courtier en bourse (broker) ou une banque. Les courtiers en ligne et les banques en ligne proposent les services les plus complets et les tarifs les plus intéressants. Les opérations d’achat/vente sont passées via une interface web où l’investisseur renseigne le nombre d’actions qu’il désire acheter et à quel prix. Il n’y a vraiment rien de sorcier de ce point de vue.

De votre côté, de quelle façon investissez-vous en bourse ? Votre style d’investissement a-t-il évolué dans le temps ?

À mes débuts, je plaçais mon argent essentiellement sur des actions du CAC 40 (le CAC 40 est un indice boursier représentant les 40 plus grosses entreprises cotées en France). Un avantage de ces entreprises est que ce sont des noms que l’on connaît bien, c’est rassurant. Beaucoup d’investisseurs débutants se tournent vers ces entreprises.

Avec un peu de recul, j’ai réalisé que ce n’était pas la meilleure stratégie car bien que ces entreprises offrent une bonne diversification géographique (les sociétés du CAC 40 font des affaires sur l’ensemble du globe), elles sont sous-représentées dans certains secteurs, en particulier celui des nouvelles technologies où se sont essentiellement des boîtes américaines qui tiennent le pavé (ainsi que des entreprises coréennes pour l’électronique et chinoises).

Avec le temps, j’ai aussi réalisé que cela prenait beaucoup de temps de suivre les performances financières des entreprises une par une. Pour toutes ces raisons, désormais je me contente d’investir en bourse au travers de fonds d’investissement.

Vers quel(s) fonds vous tournez-vous et pour quelles raisons ?

Je me tourne vers les fonds indiciels (trackers). Comme beaucoup d’autres investisseurs, je suis séduit par l’approche de ces fonds, et leurs excellentes performances. Les fonds indiciels prélèvent très peu de frais de gestion (de l’ordre de 0,30 % pour les fonds populaires) et permettent de reproduire la performance d’un indice boursier sans mauvaise surprise.

À titre personnel, je privilégie les fonds indiciels reproduisant la performance de l’indice MSCI World. C’est un indice composé des 1600 plus grosses entreprises du monde, sans biais sectoriel, et avec une belle diversification géographique.

Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Je recommande aux épargnants de bien prendre le temps de comprendre les bases avant d’investir en bourse. La grande majorité des investisseurs aura intérêt à y investir via des fonds d’investissement. Le dernier conseil que je peux donner est d’éviter de chercher à anticiper l’évolution du cours des actions. On est très souvent surpris de voir que les marchés actions ne réagissent pas de façon toujours très prédictive aux actualités économiques. Il y a tellement de facteurs à prendre en compte qu’il est presque impossible d’anticiper l’évolution des cours, c’est inutilement stressant.