Interview d’un urgentiste

Lorsqu’on arrive dans les urgences, quel que soit le jour, quelle que soit l’heure, on est sûr d’être pris en charge par un professionnel qui saura prendre soin de nous au mieux. Antoine Gerou est l’un d’eux. Il est urgentiste depuis maintenant 17 ans.

urgentiste

Médecin urgentiste, est-ce une vocation pour vous ?

Oui et non. Non, quand on est enfant, on ne se dit pas qu’on sera plus tard urgentiste. On veut être un médecin tranquille dans un cabinet (petit rire). Mais oui, pour ma part, j’ai toujours voulu être médecin. C’était une vocation que j’ai ressenti très tôt. Soigner m’a toujours paru être la meilleure action, le meilleur travail qu’un être humain puisse faire.

Si je suis arrivé dans les urgences, c’était lors de mon internat. Je voulais travailler dans un domaine qui ne connait pas la routine et la stagnation, je voulais de l’action, de l’animation. Le moins que l’on puisse dire c’est que j’ai été bien servi.

Pourriez-vous nous évoquer brièvement votre parcours universitaire et professionnel ?

Eh bien, j’ai eu mon baccalauréat série S avec mention. J’ai intégré une faculté de médecine où j’ai étudié durant 7 années. Puis, j’ai effectué mes 3 années d’internat dans un hôpital ou j’exerce encore jusqu’à présent.

A vos yeux, quels sont les facettes les plus pénibles de votre profession ?

Les premières années sont assez difficiles. Il m’a personnellement fallu un peu de temps pour m’habituer au… « rythme ». Les journées sont très remplies. Vous voyez passer des dizaines de cas différents tous les jours. Les jours de fêtes, le nouvel an surtout, nous sommes plus débordés que d’habitude. Mais tout cela, on finit par s’en accommoder.

En ce moment, le plus pénible, c’est de gérer la fatigue et la charge de travail. Pour un médecin, la marge d’erreur est presque nulle. Une mauvaise décision peut avoir des implications dramatiques. Nous devons toujours être à 100% opérationnel et en possession de tous nos moyens.

Personnellement, il m’est arrivé d’être de garde, ne pas s’assoir une seconde durant 20 heures, et devoir gérer l’arrivée de onze blessés graves dans un accident de la route. Ce sont les moments les plus durs du métier.

Mais il y a tout de même de bons côtés…

Bien sûr ! Comme tous les médecins, il y a la satisfaction d’avoir aidé et sauvé des vies. La reconnaissance du patient et de sa famille valent vraiment tous les efforts que l’on a fournis. Il y a également la stimulation intellectuelle journalière. Ça permet de garder un esprit vif et alerte.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon urgentiste ?

Être maître de soi, c’est primordial. Savoir garder son sang-froid face aux complications imprévues, aux patients agressifs aussi. Il faut être en bonne condition psychologique et physique.

Pensez-vous que la carrière d’urgentiste intéresse les jeunes de nos jours ?

Oui, en tout cas je l’espère. Les facultés de médecine ne désemplissent pas. Et la série « urgences » a beaucoup contribué à notre popularité. (rire).

Et c’est sur cette note joyeuse que nous allons clore cette interview. Antoine Gerou, merci de nous avoir accordé ces quelques minutes de votre temps.