Le statut d’intermittent du spectacle est aujourd’hui remis en question. Tour d’horizon sur ce statut particulier, et les différentes ficelles du métier.
Être intermittent du spectacle, c’est quoi exactement ?
Concrètement ? Être intermittent du spectacle c’est surtout galérer jusqu’à ce que tu trouves un bon projet qui durera sur le long terme. Tu peux être artiste, être acteur ou travailler dans l’audiovisuel, c’est très large comme concept. Mais il faut surtout tenir compte du fait que dans « intermittent du spectacle » il y a une partie où tu bosses et une autre où tu es au chômage.
Malgré les allocations qui te sont réservées, la partie où tu chômes est toujours celle qui fait flipper. Mais j’aime mon métier de caméraman parce que j’y apprends beaucoup de choses, sans arrêt. Mais je dois également me rendre à l’évidence qu’être intermittent c’est un peu comme si je passais de CDD en CDD, sans jamais avoir une certaine stabilité. C’est un feeling auquel on se fait, ou pas.
Quels sont les atouts nécessaires pour devenir intermittent du spectacle ?
Il faut tous les avoir ! [RIRES] Sérieusement, je pense qu’il faut avant tout avoir du talent. C’est inné chez toi, tu l’exploites et tu y vas à fond pour réussir. Le talent, c’est l’essence-même de ton métier : tu n’iras jamais loin si tu n’as aucun talent ou que tu ne sais pas l’utiliser. Ensuite, il faut avoir la volonté d’apprendre : en tant qu’intermittent, la concurrence est rude. Il faut donc que tu ne restes pas focalisé sur une chose, mais que tu t’intéresses à plein d’autres.
La raison est simple : si on te demande un jour si tu sais faire une chose ou non, tu dois répondre oui du tac au tac. Les opportunités sont rares dans le métier, et tu dois être prêt à tout moment. En tant qu’intermittent du spectacle, il est également important que tu te fasses des relations, que tu établisses des liens et que tu attires l’attention des producteurs. Tu dois briller en permanence, et ne pas rester dans l’ombre.
Que penses-tu de la demande de la MEDEF concernant votre statut?
Ah oui, le fait qu’ils aient demandé à supprimer notre statut d’intermittent? Je ne vois pas trop quoi répondre à cela en fait. S’ils disent que notre statut entraîne le pays vers une dérive financière importante, je n’en crois rien. Je pense qu’il faut surtout se pencher sur les réels problèmes de la France et arrêter de vouloir tout reprocher au système. La crise est là, et elle frappe également les intermittents du spectacle, quel que soit leur domaine d’activité.
Par exemple, nous sommes tenus de respecter un certain nombre d’heures à effectuer pendant l’année afin de prétendre à nos allocations. Souvent, pour ne pas dire toujours, nous sommes contraints d’accepter des contrats sous-payés et de travailler à perte pour remplir ce quota d’heures. Sans doute parce que les clients le savent ? Je réitère donc que pour nous non plus ce n’est pas facile. Nous ne demandons qu’à travailler voyez-vous… Et donc, je pense que ce n’est pas en supprimant notre statut que l’économie va repartir du jour au lendemain.